A l’occasion de la parution de son livre « Sentir mon corps brûler » aux Éd Eyrolles, nous avons eu la chance de participer à cette rencontre organisée dans le cadre du club de lecteurs Eyrolles.
Aure Hajar a décidé d’écrire un premier roman, autour de la jeunesse plongée dans la prostitution et la pornographie. Un roman, oui, car c’est aussi ce qu’elle aime lire, même si au départ, elle était plutôt orientée vers un essai. 5 ans pour l’écrire. Ce texte a été commencé en 2016 avant la période Metoo. L’idée est venue du fait qu’elle connaisse de jeunes femmes dans son entourage qui détestaient les hommes. Son écriture est corporelle et donne l’impression que quelqu’un écrit sa vie, où le ressenti physique prend la première place avant l’émotion. Pourquoi une violence subie rejaillirait ? Telle est la question… qui sera traitée autour de ce livre, de Lila, de son arrivée à Paris pour étudier, de sa descente dans cet univers… L’Autrice s’est beaucoup documentée et a lu de nombreux livres de psychologie autour de ce sujet. Lila est inspirée d’une connaissance qui a vécu une situation similaire mais ce n’est pas un récit, il ne raconte pas son histoire car ce n’était pas son objectif. On évoque ici des hommes plaintifs et autocentrés car elle a voulu inverser la tendance, cela a été une volonté manifeste. Autour de Lila gravite ce qui s’appelle « La putosphère », elle existe vraiment. La rage et la haine y sont omniprésentes. Cet espace donne à ces femmes cette sensation de pouvoir se défouler entre elles. Dans ce puissant premier roman, il y est fortement question du mécanisme de dissociation et de la rapidité de la chute dans ce milieu. Les décisions se prennent vite face à la précarité. Mais pour Lila, il y a aussi le besoin de reconnaissance, qu’on la regarde… l’importance de parler de la manipulation des gamines dans ses activités. La deuxième partie est essentielle car elle connaît un personnage qui a fréquenté ce milieu et qui, plus tard, se rend compte qu’elle a été manipulée… La couverture est revêtue de la texture singulière de la collection Aparté des éditions Eyrolles. Pour son image, Aure voulait celle d’une femme et parmi les propositions faites, celle-ci a été retenue. Dans le cadre du mouvement Metoo, il y eu un grand nombre de publications de romans, alors l’autrice pensait que c’était trop tard. Mais finalement non. Et voilà la preuve… en toutes lettres. Qu’est-ce qui fait que des femmes vont de violences en violences ? Violence passée et recherche de dissociation. Comme une protection, contre des hommes dénués d’empathie. Pour les nouveaux projets, trois prochains livres sont en préparation :
le premier racontera l’histoire de ses grands-parents maternels,
le deuxième portera sur le harcèlement scolaire,
le troisième évoquera des souvenirs d’enfants en cité.
Un grand merci à toute l’équipe Eyrolles pour cette rencontre, nos échanges et partages. Et bien entendu une dédicace spéciale à Aure Hajar pour son chaleureux accueil, sa disponibilité et la passion avec laquelle elle porte son 1er chef d’oeuvre.
C’était le 4 janvier 2023, c’était génial ! Grâce aux éditions Eyrolles, à notre Sabine nationale et sans oublier chère Clelia, nous avons eu la chance de rencontrer Maud Ankaoua. Une personne extra, très abordable, à l’occasion de la sortie aujourd’hui de son nouveau livre « Plus jamais sans moi ». C’est ma lecture du moment, je vous en parlerai très prochainement. Un moment privilégié, en petit comité, au Café Livres, au pied de la Tour St Jacques. Comment mieux commencer l’année et finir une journée surchargée ? Et quel plaisir de rencontrer la dream team du Club de Lecteurs Eyrolles ! Un grand merci pour tout, c’était divin 💓
Le 19 Mars 2022, la médiathèque Boris Vian de la ville de Tremblay a organisé une rencontre avec Claire Favan, dans le cadre de notre club participatif des « Mordues de Polars ».
Nous avons eu l’occasion d’échanger avec l’autrice, découvrez ci-dessous l’interview.
Qu’est-ce qui vous a inspiré, donné envie, d’écrire votre dernier roman La chair de sa chair ?
Claire aime lire des polars, tout comme sa mère, qui lui a transmis cette passion. Un jour, Claire a lu « Fête fatale » de William Katz et ce fut la révélation. C’est ainsi qu’elle a décidé d’écrire des livres comme ceux qu’elle aime lire.
« La chair de sa chair » est un livre par couche. Il raconte la vie d’une famille subissant les conséquences d’un père violent. L’un des paramètres majeurs est celui du rôle joué par les institutions sociales. Le point de droit américain, abordé dans le livre, relatif à l’emprisonnement des enfants et au faible niveau de couverture sociale, semble très éloigné de ce qui pourrait être attendu d’un pays civilisé.
Moïra est mère de 3 enfants de 2 pères différents, elle doit assurer la survie des siens.
La majorité de vos romans se déroule aux Etats-Unis. Pourquoi ? Avez-vous un lien particulier avec ce pays ?
Claire aime s’évader et par conséquent, partir en situant ses romans ailleurs et ainsi récolter des informations d’autres pays.
Elle apprécie placer ses intrigues aux USA car il semblerait qu’il y ait plus de tueurs en série, une belle base de travail pour une autrice de thrillers ; sans oublier la complexité des équipes d’enquêteurs (unifiées), le FBI et des différents magistrats offrant de la matière à son travail de recherches et d’écriture. Le choix des USA est aussi dû à son immensité, où chaque déplacement est un voyage à part entière.
Le sujet de la famille dysfonctionnelle est au cœur de vos romans. Dans la chair de sa chair, Moira est une femme battue qui doit lutter pour faire vivre sa famille ; les hommes sont absents, et les enfants sont livrés à eux-mêmes. Pourquoi vouloir écrire sur ces familles ?
Tout se joue dans l’enfance, la base de l’adulte qu’on devient.
Le thème des enfants est en effet récurrent dans ses romans car il constitue un terreau idéal lorsque cette enfance est gâchée.
En tant qu’autrice, Claire a besoin d’aspérités sur ses personnages pour s’y accrocher, avec une personnalité complexe offrant les conditions idéales pour construire une histoire. Ses personnages sont souvent des personnes lambda, comme vous et moi, ce qui permet aux lecteurs / lectrices de s’identifier d’autant plus facilement et de vivre sa lecture intensément, raison pour laquelle les romans de Claire Favan laissent une trace importante, même bien après avoir refermé le livre.
Chaque auteur suit une méthodologie d’écriture. Quelle est la vôtre ? Dans quel cadre / lieu aimez-vous écrire ? Quelles sont vos bases de travail : la documentation a-t-elle une place importante ? Et enfin, comment conciliez-vous votre travail dans la finance et votre métier d’autrice ?
Claire élabore toujours sur plan, elle a besoin de cette structure comme base de travail ; il peut évoluer au fur et à mesure. Ce déroulé permet de définir quoi écrire et quand.
Devant son PC, Claire peut ainsi se consacrer pleinement à l’écriture, la mise en scène, les décors… grâce à cette « colonne vertébrale ».
« Quand on a un plan, on a des petites collines à gravir ; quand on en n’a pas, on a une montagne à surmonter ! »
Elle écrit essentiellement le soir, après sa journée de travail (dans la finance).
Tout part d’une idée, qu’elle laisse germer. Dès qu’il y a assez de matière, le plan est mis par écrit.
Dans la mesure où elle est une lectrice exigeante, elle s’applique à elle-même en tant qu’autrice, un certain niveau d’exigence. Elle aime surprendre ses lecteurs.
En ce qui concerne les recherches, elle se documente beaucoup sur internet.
Les lieux et les décors sont souvent identifiés sur Google Maps : tous les détails sont analysés pour voir s’ils sont adaptés à ce que Claire veut faire subir à ses personnages.
Après avoir écrit et publié 10 livres, cela offre un très beau lectorat qu’il faut continuer à fidéliser. L’écriture est et reste sa passion. Claire concilie très bien sa vie professionnelle et sa vie d’autrice. Elle se dit « être un animal sociable » qui a besoin de ce monde professionnel, représentant un ancrage pour elle.
Dans votre roman, les personnages subissent les pires tourments dans une sorte de fatalité, de déterminisme. Pourquoi les souffrir autant ? Aussi, votre écriture est très rythmée. Quelle est votre technique d’écriture pour nous tenir en haleine ?
En tant que lectrice, Claire a beaucoup de mal avec les descriptions trop longues et n’aime pas les détails inutiles. Elle s’applique donc à être très succincte lorsqu’elle écrit.
Pour elle, il faut aller à l’essentiel donc ce que pensent les personnages.
Chaque chapitre apporte quelque chose aux lecteurs, suscitant tout l’intérêt et créant ce rythme.
Comme indiqué précédemment, pour ses thrillers, Claire a besoin de personnages rudes, cabossés avec des aspérités lui permettant des points d’accroche.
Très souvent ces romans lui permettent de faire passer des messages, en dénonçant des failles de la société, à travers les vies de ses protagonistes.
Les fins de ses romans ne sont jamais des « happy end » car elles laissent ainsi une trace, un sentiment de malaise chez les lecteurs, qui reste en eux.
A l’inverse, si certains se terminent « bien », cette fin ne sera pas morale !
Claire axe ses livres sur des violences psychologiques, car elle estime qu’elles ont plus de portée et font beaucoup souffrir. Une blessure physique cicatrise mais une souffrance morale n’a pas de fin, c’est un meilleur vecteur.
Elle choisit des personnages proches de tous, comme nous, afin qu’ils soient plus percutants. Un choc psychologique peut toucher tout le monde, et c’est ainsi que les lecteurs s’identifient encore plus aux protagonistes. Claire joue aussi beaucoup sur la mise en scène, très imagée, pour que l’on s’y intègre rapidement.
Quelle lectrice êtes-vous ? Quelles sont vos lectures préférées ? Quel est votre livre de chevet du moment ?
Claire Favan est une grande lectrice de polars.
Elle passe beaucoup de temps dans les transports en commun, qui sont donc devenus un lieu de lecture au quotidien.
Avant d’être publiée par de grandes maisons d’édition, elle a été lancée par « Les nouveaux auteurs » avec son livre « Tueur intime ».
Elle a été nommée Présidente du jury de cette plateforme et lit actuellement le prochain titre en lice pour remporter le prix (dont nous n’en savons pas plus, si ce n’est qu’il est terriblement bien !).
Un prochain nouveau roman est en-cours : il racontera l’histoire de 2 jumeaux abandonnés, aux destins totalement différents, et évoquera par la même occasion la situation des enfants vivant en ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Surveillez bien les sorties en librairie, celle-ci est prévue en Octobre 2022 😊.
Je tiens à remercier infiniment Claire Favan pour ce superbe moment partagé lors de cette rencontre du 19 Mars 2022, ainsi que toute l’équipe de la Médiathèque Boris Vian et tout particulièrement Angélique, notre chef nationale du club des « Mordues de polars ».
C’était Mardi 15 Mars 2022, le 1er Apéro Pocket 2022 Gang Polars !
C’est toujours avec un plaisir immense qu’on pénètre dans l’antre de cette scène de crime divinement orchestrée par la Dream Team Pocket.Nous avons eu la chance de rencontrer 4 maîtres de plume noire : Mathieu Lecerf, Frédéric Lepage, Maud Mayeras et Adrien Pauchet. Passionnants. Hyper sympas…Une belle occasion de revoir celles et ceux qui partagent notre même amour pour les livres et les polars… Un immense merci pour tout à la remarquable équipe Pocket, Emmanuelle Vonthron et tous ceux qui œuvrent pour nous offrir ces délicieux moments de partage et convivialité !
Dans ce livre, le rapport au corps est essentiel. Il y est question de masculinité et de mettre en perspective comment chacun occupe son corps et comment il le traite. Un homme tombe enceinte. Le roman glisse ainsi vers la virilité, la parentalité, la part du père. Raphaël a voulu en faire un récit fiction, dans cette ambiance de tango, qu’il trouve très beau. La danse est comme une parabole d’assignation de genre de « L’homme mène, la femme suit ». Sa compagne est tombée enceinte de jumeaux, ce qui a alimenté l’idée et la réflexion, en bousculant les choses. Raphaël trouve son inspiration dans la fantaisie, beaucoup dans le cinéma. Il s’inspire aussi de Marie Darrieussecq, Tanguy Viel. Le choix de ses personnages s’est porté sur des anti Héros, ils ne font pas partie des grands du monde. Pour Raphaël, en tant que romancier, son désir est de poursuivre l’écriture, plutôt orientée vers une dimension fictive, il a très envie de poursuivre dans le domaine du roman. La rencontre de Raphaël avec les Avrils avait déjà été comme préméditée, puisque son texte avait déjà été lu par Lola Nicolle dans une maison précédente. Puis il a appris la création de la collection et il lui a envoyé à nouveau son texte, pile au moment de la création des Avrils.
Quelle chance pour nous lecteurs aussi que cette rencontre se soit réalisée. Merci pour ce beau moment !
📚C’était le 9 Mars 2021, c’était super ! Rencontre virtuelle et conviviale de Karen Merran grâce à Babélio. Une très belle occasion d’échanges et découverte autour de son nouveau roman « Mon coeur serré comme une sardine ». Un grand merci pour ce moment qui fait du bien. 😊
📚C’était le 2 Mars 2021, c’était super ! L’Apéro Polars Gang Pocket , the place to be : Un endroit où aller ! Avec Céline Denjean , Maxime Girardeau Perso et Fabrice Rose et leurs diaboliques romans « Double Amnésie », « Persona » et « Tel père, telle fille ».
Un grand merci à Pocket et Nathalie Couderc, en partenariat avec la Librairie de Paris à Saint-Etienne. Un très bon moment qui fait un bien fou.
Valério Romão a été invité à la librairie Le Divan à l’occasion de la parution de son 3ème roman « Les eaux de Joana ».
Le livre :
« Ce n’est pas un roman d’action, mais plutôt le récit d’une expérience. Joana est obsédée par le fait d’avoir un enfant, qui va naître mort. Ce roman était risqué, parce qu’il raconte une histoire peu commune. »
Le thème :
« Celui ici traité est très viscéral et primal. Je l’ai choisi car il provient d’une histoire entendue d’une amie d’amie, qui a vécu la même chose… Un bébé né mort… J’ai aimé cette histoire, je l’ai trouvée extraordinaire, j’ai cherché s’il y avait d’autres livres qui traitaient de ce sujet, mais je n’ai rien trouvé, alors je me suis dit qu’il fallait l’écrire…
J’ai donné beaucoup d’importance à montrer l’origine des personnes, et a bien installé l’environnement. »
Le personnage principal :
« Joana est une personne très organisée, méticuleuse. Tout est réglé, une angoissée ayant besoin d’un contrôle absolu pour plus de sérénité. Je me aussi lancé dans l’exploration des limites de Joana, dépassée par sa grossesse, par son côté divin. J’ai basé et construit sa personnalité sur celle d’une amie. »
L’écriture :
« Je suis diplômé en philosophie. J’ai donc une organisation mentale un peu spéciale pour écrire. La philo est toujours présente dans les fondations de mes romans. »
(Le style d’écriture de Valerio Romao et absolument brillant même s’il est tout de même assez particulier : des phrases longues, des virgules, des dialogues intégrés… et l’utilisation timide des points qui donne un rythme soutenu et assez fort de lecture et de narration).
« Mon écriture est influencée par le théâtre, car j’en ai écrit. Mais j’ai plutôt pensé ce livre comme un film, comme une caméra que l’on suit.
Je n’ai pas de méthode particulière d’écriture ni de rituel. J’écris quand j’ai le temps. De préférence, chez moi, avec mes chats. Je n’ai pas d’exigence. J’écris comme je mange, un peu de tout ! Mes écrits sont très travaillés, je fais beaucoup de réécriture et de nombreuses relectures.
Au départ, j’avais dans l’idée d’en faire un roman court, un documentaire du type plan-séquence, capable de dissuader le lecteur de s’arrêter… et d’en faire une lecture d’une traite. »
Le roman idéal :
« C’en serait un sans ponctuation. Parce qu’après tout, un roman c’est une partition, musicale et orale. »
Une musique :
« Si ce livre devait être une musique, ce serait « Les fugues » de Bach. Pour ces motifs répétés mais différents, avec le contrepoids, une incertaine distinction entre le personnage et le narrateur. »
L’humour :
« Malgré la trame de fond sombre, ce roman a de l’humour : grinçant, glacial, composé de personnages un peu grotesques ou absurdes. C’est une habitude chez moi, le fruit de ma personnalité cynique et humoristique. C’est comme un besoin de créer une dynamique pour le lecteur. Le monde de l’hôpital est très caricaturé, avec des décalages de ce que vit l’héroïne. »
Le prochain livre :
« Il portera sur la relation mère-fille, une mère qui contrôle sa fille de 38 ans, professeure de philosophie, victime d’attaques de poésie. Une mère pragmatique, qui se fâche. Cette dernière tombe malade et est percutée de plein fouet par la maladie d’Alzheimer. Sa fille doit devenir mère de sa mère… En sera-t-elle capable ? Ou exercera-t-elle sa vengeance envers sa mère ? »
Et puis dimanche soir, une sublime soirée pour clôturer un weekend merveilleux à la belle librairie Slatkine & Compagnie avec Marc Voltenauer, Nicolas Feuz et Luca Di Fulvio.
Un moment de convivialité, de partage et encore des sourires avec ces 3 auteurs fabuleux et très agréables. Un grand merci à la dream team et à Marion Létoublon pour cette belle soirée…
Festival « Oups bouge ta langue ».
1 auteur puis 2… avec la chaleureuse Compagnie Issue De Secours.
Afi Gbegbi : « Soeurs d’ange » paraîtra en été 2019. Afi a arrêté son écriture en 2017. Ce fut sa décision. Comme elle le dit si bien, un texte, on ne le finit jamais. Mais il faut bien se décider à stopper. La vie même est un texte. Il s’agit là de l’histoire de trois femmes dans un cimetière. Un texte doit vivre, à travers ses lecteurs, leurs interprétations, 3 voix qui portent cet écrit, qui vivent la même histoire et le même combat. Même si chacune le vit différemment des autres. Il parle d’oppression. On ne sait pas à qui s’adressent les femmes. Qui est sous cette tombe ? Dans le texte il y a souvent des « … » que chaque lecteur est libre de compléter à sa guise. Toutes les trois auraient été mariées à cet individu que l’on suppose être un homme, mort. Ne sont-elles pas des coépouses ? Ce titre « Soeurs d’ange » est accrocheur. L’homme pourrait être l’incarnation du mal. L’une des femmes a des difficultés à se détacher de lui. Peu importe qui il est, on peut toujours aimer. Afi a voulu peindre la société comme elle la perçoit, non pas avec des pinceaux, juste avec des mots, les siens.
Martin Bellemare : « Maître Karim, la perdrix ». Il s’agit là d’une écriture linéaire, à voix multiples, un texte sans ponctuation et sans distribution. Mais on sait qui parle, à travers trois grands axes de voix. Comme une porosité, on passe de l’un à l’autre… Martin Bellemare a fait appel aux prénoms pour interpeller les lecteurs et ainsi préciser quel personnage il incarne. L’histoire se déroule dans un centre de rétention, on y présente les intervenants, en suivant une progression, selon différentes langues : administrative, parlée, la langue froide versus la langue orale… Une résonance intérieure pendant l’écriture. Martin Bellemare souhaite montrer l’obligation aux mensonges des personnages, forcés pour survivre, répondre ce qui peut faciliter l’acceptation de leur demande d’asile, par une négation de l’identité. Cette pièce est un véritable documentaire très inspiré de témoignages. L’idée est née à partir de deux conversations dans le milieu professionnel de la rétention, puis une rencontre, un enregistrement. Il s’agit là d’un grand travail de retranscription au plus proche de la vérité.