« Nos richesses » de Kaouther Adimi

Rentrée littéraire 2017 : Parution le 17 août 2017 aux Éditions Seuil.

A l’origine était Edmond Charlot en 1935. Il décide d’ouvrir une librairie à Alger, entouré d’une bande d’amis qui croient en son idée : elle portera le nom « Les vraies richesses », joli clin d’œil à Mr Giono. Son objectif majeur : mettre en lumière de nouveaux auteurs inconnus. Inconnus, ils ne le seront qu’un temps… Albert Camus y viendra faire publier son tout premier texte, et bien d’autres.

L’atmosphère est lourde, veille de seconde guerre mondiale, la révolte algérienne est bien présente, rien ne facilite la mise en œuvre de cette belle aventure. Vivre de la passion des livres n’est pas aisé, Edmond Charlot est confronté aux contraintes qu’implique son nouveau métier de libraire éditeur : les factures qui s’accumulent, les manuscrits qui s’empilent, la pénurie de papier…

En 2017, Ryad arrive en Algérie, en stage. Sa mission : vider la librairie « Les vraies richesses » et la repeindre, pour sa future transformation en magasin de beignets. Lorsqu’il arrive dans ces lieux, ces étagères couvertes de livres ne le touchent pas ; la littérature ne l’intéresse absolument pas. Il déambule dans ce local, y fait la rencontre du portrait de son propriétaire, qui le regarde, l’observe. Un autre le surveille aussi, dehors, de son trottoir, c’est Abdallah. Il y est attaché, lui à ce lieu, il y a travaillé, il les aime, ces livres, ces histoires…

Dès le départ on sent déjà l’atmosphère, l’environnement dans lequel nous allons déambuler. Dès les premiers mots, les premières lignes, on s’aperçoit que notre voyage, paysager et littéraire, sera beau, passionné, touchant, la guerre et la révolution en trame de fond, lourde, chargée d’histoire et de ressenti.

Un Ryad sauveur de livres, bien malgré lui, sans compter sur la fin, un cri intérieur, une larme à l’œil…

Kaouther Adimi déroule un magnifique tapis rouge, pour les amoureux des livres et passionnés de lecture, que la destruction de cette librairie brisera le cœur. Ce fut un véritable plaisir à lire, à découvrir… avec aussi l’envie de s’ouvrir à d’autres auteurs, comme le défend si bien Edmond Charlot.

Un vrai coup de cœur de cette rentrée littéraire !

Je remercie les éditions Seuil de m’avoir donné la chance de faire connaissance avec Kaouther Adimi, à qui j’envoie un immense merci, pour nos échanges (et «oui, Kaouther, j’ai vraiment adoré votre texte »), pour cette formidable histoire, j’aime les livres qui parlent des livres, qui nous les racontent, et c’est ce que vous nous avez magistralement conté avec cette œuvre. Si un jour j’en ai l’occasion, le 2 bis de la rue Hamani fera partie de mon pèlerinage.

Quelques jolies phrases :

« Donne-les, garde-les, peu importe mais ne mets pas des livres à la poubelle ».

« Un livre, ça se touche, ça se sent. Il ne faut pas hésiter à corner les pages, à l’abandonner, à y revenir, à le cacher sous l’oreiller… ».

Petite anecdote :

Fervente lectrice des transports en commun, je m’installe dans le métro, ligne 8 station Madeleine. J’essaie toujours de trouver une place où quelqu’un lit… En pleine lecture, dernière ligne droite de « Nos richesses » de Kaouther Adimi, je lève le nez de mon livre et constate que mon voisin de voyage lit « Le Mas Théotime » de Henri Bosco. Et c’est là que l’expression « Le monde est petit » prend tout son sens… et que les frissons traversent mes bras…

Vous voulez comprendre pourquoi ? Lisez « Nos richesses »….

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