« Longtemps, je me suis couché de bonne heure » de Jean-Pierre Gattégno

Editions Actes Sud
Parution le 04/02/2004
271 pages

Le titre de ce livre extraordinaire est l’incipit de « Du côté de chez Swann », premier tome du roman « À la recherche du temps perdu » de Marcel Proust.
Tant de choses, de personnes et d’histoires gravitent autour de ces quelques mots accolés les uns aux autres.
Dans ces pages, on suit le protagoniste principal. Sébastien Ponchelet. Fraîchement sorti de prison, en conditionnelle, il trouve un emploi dans une maison d’édition de renom. Les relations sont assez complexes avec sa hiérarchie, d’autant plus que pèse toujours la  menace sur lui qu’au moindre faux pas, son contrat s’arrêterait et il retournerait derrière les barreaux. Bon an mal an, il fait tout son possible pour passer outre et accomplir ses tâches : classer des livres, préparer et livrer des commandes…
Un jour, alors que Sébastien s’affaire à sa mission, il trouve un manuscrit intitulé « Longtemps, je me suis couché de bonne heure ». Il est bien loin d’imaginer que ces quelques mots vont chambouler son chemin de vie.
Lors de son séjour carcéral, il a partagé sa cellule avec un certain Sholam qui l’a pris sous son aile. Ce dernier lui a fait des confidences pendant leur colocation : il s’avère être un grand voleur d’oeuvre d’arts (en tout lieu).
Attendez vous à être surpris, à pénétrer dans l’univers de l’art à travers les yeux de leurs voleurs hors du commun, sans omettre cette histoire d’amour qui frappera notre Sébastien de plein fouet.
Laissez vous porter, comme je l’ai été, prise par la main telle une gamine aux yeux bien écarquillés. Quel plaisir de lecture. Un défilé de pages sans aucune envie de le terminer. Mises bout à bout, les nombreuses pièces de ce puzzle finissent par constituer un tableau fabuleux, qui même après la dernière page, restera dans votre esprit. Vraiment super sympa cette histoire, vraiment !

« L’amour en liste d’attente » de Deolinda Da Silva

Editions Le Lys Bleu
Parution le
135 pages

Lorsque je termine une lecture difficile portant sur un sujet lourd (mais au demeurant très très bien), pour la suivante, j’ai tendance à rechercher une plume d’auteur que je connais et dans laquelle je vais pouvoir me blottir. C’est exactement ce qu’il s’est passé. C’est ainsi que j’ai sorti de ma pile à lire le dernier chef d’oeuvre de Deolinda Da Silva.
Eduardo est un homme comblé, bien dans sa vie et dans sa peau, il a tout pour lui : un bel emploi (auquel il se consacre un peu trop), une femme, deux filles (auxquelles il se consacre trop peu). Tout va bien. Comme bien souvent, lorsqu’on se sent fatigué, on fait porter cela sur le rythme trop intense. Sur les bons conseils de sa fille, Eduardo finit par consulter un médecin : le verdict tombe, il est atteint d’insuffisance rénale. Assommé, il comprend les impacts : dialyse et liste d’attente pour une greffe.
Frappé par la loi des séries, les événements s’enchaînent et, tel un château de cartes, tout s’écroule autour de lui : sa femme le lâche, il perd son travail et doit quitter sa maison… Tout ceci au moment il a le plus besoin de réconfort et de soutien. D’abord accablé, son naturel revenant au galop, il fait preuve d’une grande résilience : y croire, garder espoir. Sans le savoir au départ, sa force sera communicative envers ses nouveaux amis de dialyse.
Puis un jour, Eduardo est victime d’un malaise. Il sera secouru par une jeune femme du nom de Vitoria… et là, la deuxième bascule lui tombe dessus… mais celle-ci n’aura pas les mêmes effets…
Très chère Deolinda, comme les précédents, ton livre m’a fait du bien. Oui il gravite autour de la maladie, ce qui n’est pas anodin. Mais tu sais raconter les belles histoires. Comme bien souvent, je m’attache aux personnages, triste de tourner la dernière page. J’ai passé un très bon moment, merci encore pour ce cadeau. Vivement le prochain ! Até a proxima !

« En garde » de Amélie Cordonnier

Editions Flammarion
Parution le 23/08/2023
234 pages

Quelle histoire inimaginable est tombée sur cette famille. Cela s’appelle purement et simplement de la délation. Un inconnu téléphone aux services sociaux pour dénoncer une maltraitance d’enfants. Les leurs. Les siens. Alors quand un jour arrive une 1ère lettre, elle croit à une mauvaise blague, un canular. Mais lorsque la 2ème survient, là elle comprend. Elle est littéralement assommée.
Dans l’incompréhension la plus totale, Amélie est perdue. Un rendez-vous est alors planifié avec les assistantes sociales. Puis en guise d’étape suivante, la famille reçoit la visite d’un agent de la protection de l’enfance. De temps en temps. Puis de plus en plus souvent…
De fil en aiguille, il est toujours présent. Pour se faire adopter par les enfants, il se fait appeler Cousin, ce qu’il est bien loin d’être. Petit à petit, l’individu fait son nid. S’installe. Se mêle de tout. S’immisce dans leur vie et leur maison. Il les envahit. Sur tout. Pour tout. Il est là. Pesant. Encombrant. Au point de faire suffoquer la famille… jusqu’au point de rupture.
Amélie Cordonnier fait monter la pression très habilement. Plus on lit, plus le niveau monte. A en perdre le souffle. J’ai suffoqué, j’ai hurlé intérieurement en essayant de me convaincre qu’elle allait se réveiller d’un mauvais cauchemar. Et bien non. J’étais subjuguée par l’absurdité de la situation. De quel droit ont-ils pu faire ça ? Leur infliger cette asphyxie quasi totale ?
La dernière page de lecture a claqué lorsque j’ai refermé ce livre. J’étais abasourdie par cette histoire. Et dire que ça existe. Ce roman de la rentrée littéraire mérite hautement une place d’honneur.

« Les pantoufles » de Luc-Michel Fouassier

Editions Folio
Parution le 03/03/2022
113 pages

Qui n’a pas déjà rêvé de sortir de chez soi en chaussons ? Et bien c’est exactement ce qui est arrivé au héro de ce court roman hors du commun. Sachant qu’il s’est aussi retrouvé coincé à l’extérieur de son domicile, ayant oublié ses clés à l’intérieur…
Qu’à cela ne tienne ! Au lieu d’appeler un serrurier ou d’aller s’acheter des chaussures, il décide de garder ses pantoufles aux pieds, d’honorer confortablement tous les rendez-vous prévus dans son agenda, et de louer une chambre d’hôtel.
Bien entendu, où qu’il aille, il se fait de suite remarquer. Difficile de passer inaperçu même en arrivant à pas feutrés…
Aussi surprenant que cela puisse paraître, de deux choses l’une : soit les barrières tombent, soit elles s’érigent. Ou comment une simple paire de charentaises peut tant changer les comportements, les regards et les réactions ? Grâce ou à cause d’elles, il va vivre des situations très particulières, de l’utile, à l’agréable, en passant par quelques désagréments…
Quelle bonne idée d’avoir écrit cette histoire. Ce roman est un régal, limite trop court, suscitant de multiples sentiments. Il est moelleux comme ses personnages principaux : les chaussons. Ceci étant dit, il n’est pas de tout repos. Il m’en a fait voir de toutes les couleurs pour mon plus grand plaisir. Surprenant et amusant, mais pas que… Chaussez donc vos charentaises et lancez vous dans cette lecture fabuleuse !

« Les silences des pères » de Rachid Benzine

Editions Du Seuil
Parution le 18/08/2023
172 pages

Depuis plus de 20 ans, ils n’avaient plus de contact. Jusqu’au jour où le téléphone de ce fils sonne, lui annonçant le décès de son père. Tant d’années perdues à jamais, parce que la vie en a décidé ainsi, mais aussi parce qu’ils ont laissé, certains actes, paroles ou omissions, détériorer ce lien d’amour.
Il a quitté Trappes et la cité de son enfance pour entrer dans une école de musique, pour devenir un artiste. Le voilà de retour, après ce temps écoulé,  pour préparer et veiller son défunt père, en compagnie de ses soeurs, comme l’exige la tradition.
Au moment de trier les affaires pour libérer l’appartement paternel, le fils découvre, cachées, de nombreuses cassettes audio, datées et notées d’un lieu. Très intrigué, il investit dans un matériel adapté devenu quasi obsolète, et se lance dans l’écoute de ses enregistrements.
Il va ainsi découvrir le passé de son père, qui le raconte au sien, et se rendre compte que finalement il ne le connaissait pas si bien. Lorsque le fils entend sa voix se confier à son grand-père, c’est la surprise totale. Chaque bande sonore le propulse sur ses pas d’antan, dont il se rend compte, qu’il ignorait beaucoup de choses. Ces découvertes vont-elles enfin expliquer les silences de ce père à l’apparence passive ? Bien des secrets sont dissimulés dans ces quelques mètres de bandes audio…
Ce fut une lecture très puissante. J’ai été happée comme dans un tourbillon, à l’écoute de ses confidences paternelles, toutes plus révélatrices les unes que les autres. Divinement écrite, cette histoire m’a bouleversée. Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cet intense moment littéraire.

« Camus, l’espoir du monde » de Mona Azzam

Les Editions D’Avallon
Parution le 10/02/2023
302 pages

Il fallait y penser. Il fallait oser. Elle l’a fait ! Personne n’aurait pu imaginer un jour retrouver cet artiste… en vie… sauf Mona Azzam. Et oui, vous avez bien lu. Cette écrivaine talentueuse a donc décidé de ressusciter Albert Camus. Et tout commence ainsi…
Après son tragique accident de voiture, Mr Camus est parti pour son long et dernier voyage, selon la version officielle. Mais selon ce roman, vingt ans après, il se réveille d’un très long coma, dans un hôpital de Moscou. Lui même très surpris par cette situation (et son infirmière attitrée d’autant plus), il ne comprend pas la raison de sa présence en Russie. Puisqu’il en est ainsi, un stratagème est organisé pour planifier sa fugue vers la France. Deux de ses plus proches compères et confidents, Messieurs Char et Guilloux, répondent présents pour l’aider dans sa fuite.
Le voilà arrivé en France, sans pouvoir dévoiler sa présence de retour parmi les vivants. Il choisit donc de vivre caché, sous le nom d’emprunt de Alexandre.
Au-delà de revivre, 20 ans se sont écoulés, le monde et l’actualité ne vont pas l’épargner. Les événements sociaux, politiques et autres défilent et chatouillent fortement son irrésistible envie d’écrire. C’est ainsi qu’il  rédigera des articles qui seront confiés aux journaux par ses complices de toujours.
Mais bien évidemment cette seconde chance a des impacts forts : revoir sa bien aimée, apercevoir sa fille et ses proches, sans pouvoir se manifester ni les approcher. Un second deuil serait un cataclysme pour eux. Alors il doit rester tapi dans l’ombre, dans le secret…
Seuls nous, lecteurs, sommes les heureux élus de pouvoir suivre l’Albert de Mona Azzam dans cette tranche de seconde vie… Quel superbe spectacle auquel nous avons le droit d’assister…. A vous de découvrir la suite…

Très chère Mona,
Tu m’as offert une très belle balade camusienne hors du temps. J’ai déambulé aux côtés de ton Albert comme tu aimes à l’appeler. Il m’a guidée sur ses pas, à revivre et me remémorer ces événements survenus lors de ma jeunesse. J’ai eu l’impression qu’il me parlait, qu’il m’écrivait, comme si j’étais sa confidente secrète. Quel plaisir de retrouver ta plume que j’aime tant. J’ai passé un divin moment et j’espère que beaucoup d’autres lecteurs en feront autant.

« Là où murmure le vent » de Cathy Galliègue

Éditions Terre de France-Les Presses de la Cité
Parution le 13/04/2023
240 pages

Lorsque je plonge à corps perdu dans un roman de Cathy Galliègue, je sais bien avant de l’ouvrir qu’il va me foudroyer. Ce fut le cas avec les précédents et celui-ci ne déroge pas à cette règle. Ses textes sont si forts et poignants qu’il me faut bien souvent calmer mes émotions pendant quelques jours avant de pouvoir poser mes modestes mots sur les siens si talentueux.
Installé sur son rocher, voilà où j’ai rencontré Gabin. Je me suis assise à côté de lui et il m’a raconté. Comme de petits bouts de ficelle, il a rassemblé le peu de souvenirs qu’il lui reste pour me les murmurer.
Alors il m’a présenté sa Petite, Solange, son amour de toujours, que le père violent et abjecte n’a pas épargnée, jusqu’à l’empêcher de vivre…
Et puis vint le tour de Clovis, le frère de Solange, toujours présent pour elle, aux petits soins.
Sans oublier Riton et ses bons et loyaux services rendus… et tous les autres qui gravitent autour de ce trio.
Et pendant que j’écoute Gabin, Solange est chez elle, seule, au sol après une malencontreuse chute. Elle a froid. Ne pouvant pas se relever, elle trouve un peu de réconfort aux côtés de son chat qui la réchauffe un peu. Alors, comme pour passer le temps, elle se souvient, aussi, par petites bribes, de ce que fut ou aurait pu être sa vie…
C’est ainsi que j’ai fait leur connaissance, la gorge serrée, scotchée aux pages de ce roman fabuleux.

Vindiou !! Quelle histoire… Je me suis laissée porter par le vent, qui a murmuré à mon oreille leurs histoires. Ce vent a fait tourner les pages de cet admirable et très touchant livre qui parle d’amour, d’oubli et de la vie. Il y a aussi le temps qui passe, qui file sans laisser d’empreinte, l’âge empêchant de ranger les souvenirs dans les tiroirs de la mémoire. Et puis, peut être une petite leçon, celle de saisir sa chance quand elle se présente, pour ne pas regretter…
Vous l’avez deviné, je décerne un immense coup de coeur pour ce sublime chef d’oeuvre.
Chère Cathy, comme toujours, j’ai été charmée par cette écriture dorée, que j’admire, que j’aime et qui me manque déjà. Un grand merci à toi et aux éditions Terre de France-Les Presses de la Cité, pour ce beau séjour parmi tes personnages que j’ai chéri comme s’ils étaient des miens…

« Maman ne répond plus » de Fabienne Blanchut

Editions La Belle Étoile
Parution le 31/03/2021
208 pages

Je ne suis jamais déçue par les livres de Fabienne Blanchut, qu’ils soient pour les petits ou pour les grands. Je savais donc pertinemment que j’allais passer un super moment avec son roman. Dès l’instant où j’ai rencontré Zabou et la bande qui gravite autour d’elle, j’ai été prise sous leurs ailes et je me suis éclatée.
Ce n’est certainement pas parce qu’elle a 62 ans qu’elle va se laisser abattre. Entre son mari passionné de vélo qui n’a d’yeux que pour lui, ses enfants qui connaissent à peine ses goûts, Zabou est lassée. De tous. Alors à l’occasion d’un périple cycliste pour soutenir son cher Michel, quelle mouche la pique. Elle claque tout et décide de fuguer. Y’a pas d’âge pour s’échapper. Elle a un plan et organisé divinement son escapade, à la grande surprise de sa fidèle copine Nicoucou… Je ne vous en dis pas plus. A vous de vous saisir de cette histoire.
Tout ce que je peux vous dire c’est que je l’ai savouré. Il m’a fait beaucoup de bien. Ce livre est drôle certes, mais surtout très touchant. Il y a de nombreux sentiments mêlés, les personnages sont très bien dessinés. Une lecture aoûtienne idéale, que le temps soit maussade ou ensoleillé. Glissez le dans votre sac, vous m’en direz des nouvelles.
Très chère Fabienne, un grand merci pour ce joli plaisir de lecture. A très bientôt j’espère pour de nouvelles aventures littéraires Blanchutesques !

« Du chaos naissent les étoiles » de Marilyse Trecourt

Éditions Eyrolles
Parution le 05/05/23
260 pages
Club Lecteurs Eyrolles

Elle est libraire, mais bien particulière. Elle a un don : elle conseille sans faille les bons livres à ses clients, sur pressenti et au feeling. Et elle ne s’y trompe pas, elle tombe toujours juste. Tout se passe bien, sa vie se déroule comme sur des rails.
Un jour, elle reçoit une visite inopinée très surprenante : une messagère apparaît et lui confie une mission dont l’issue peut lui être fatale si elle ne l’accomplit pas : elle doit sauver la vie de trois inconnus en quelques jours.
Bien entendu, sa première impression est de se dire que c’est impossible, qu’elle perd la tête. Et bien non.
Sans qu’elle en soit convaincue, le compte à rebours commence et la voilà sollicitée par téléphone. Sa première mission de sauvetage se présente à elle. Elle finit donc par se convaincre… Et par le plus grand des mystères, un deuxième appel à l’aide survient… Et si c’était vrai ? Et si elle n’arrivait pas à accomplir cette surprenante mission, allait-elle mourir ? De quoi avoir peur…
Alors elle se réfugie chez ses grands parents avec qui elle a toujours eu une belle relation. Et la voilà qui se confie à son grand père… qui finira par lui dévoiler ce qui se cache derrière cette étrange histoire…
Ne cherchez pas à comprendre, laissez vous porter par cette mystérieuse énigme qui finira par vous être dévoilée. Je m’y suis sentie très très bien, un peu sous pression car il y a ce tic tac du temps qui file. J’ai aimé être surprise, pousser des Oh et des Ah, sourire, pleurer car cette lecture a fait remonter à la surface des souvenirs personnels… bref j’ai passé quelques heures hors du temps pour mon plus grand bien. Et j’espère qu’il en sera de même pour vous.
Un grand merci aux éditions Eyrolles pour cette petite étoile qui a brillé le temps de ses quelques pages… voir même qui brille encore quelque part au fond de moi.

« Sentir mon corps brûler » de Aure Hajar

Éditions Eyrolles – collection Aparté
Parution le 09/02/2023
272 pages
Le club de lecteurs Eyrolles

Quelle histoire. Quelle puissance dans ce premier roman. Il raconte Lila, qui débarque à Paris pour étudier. Parce qu’elle veut qu’on la regarde et l’admire, parce qu’elle veut exister et paraître, elle va plonger. L’argent va devenir son leit motiv et pour en gagner afin de subvenir à ses besoins, Lila va basculer dans un univers inconnu : la prostitution.
« Je découvris à ses côtés l’influence des marques sur la confiance en soi et l’importance de l’argent dans la réussite, quelle qu’elle soit – étudiante, professionnelle, amicale. »

Elle s’invente un pseudo. Elle s’inscrit sur des sites Internet. Et tout commence. Des hommes. Des clients en tout genre. Des passages durs. Très (trop) détaillés. Des scènes… Des situations…
Mais c’est aussi l’occasion de multiples rencontres, d’autres jeunes femmes du milieu, avec lesquelles des liens se tissent, donnant lieu à des échanges, au partage d’expérience et mises en garde ou conseils. Ce pan de sa vie, Lila le cache bien.
« Je crevais d’être vue par eux, voulue par eux, admirée d’eux. Leur approbation conditionnait ma vie…. J’étais en vérité leur esclave. »

Et puis de fil en aiguille, la descente continue jusqu’à la pornographie. Les tournages, l’immersion dans ce milieu, côtoyer ses homologues sans faire partie du cercle très select. Les enregistrements s’enchaînent, tous plus dégradants les uns que les autres. Elle en est bien consciente. Quelque part, serait-ce comme une revanche sur sa vie, le moment pour elle d’enfin décider ce qu’elle veut en faire et non se laisser mener par les décisions des autres ? Le dégoût toujours présent, au bord des lèvres, le mépris pour les clients bestiaux.
Et puis un soir, Lila est frappée par la rage au ventre, la peur, la colère, l’amertume… autant de sentiments qui sommeillaient en elle et jaillirent comme des révélations. Des étincelles qui mirent le feu aux poudres de son devenir…
« Quand je me souviens de cette nuit là, et il faut que je m’en souvienne car sans elle je n’aurais probablement jamais eu la force de m’en sortir, je visualise un tunnel à l’extrémité duquel brille une lumière blanche comme une source d’espoir… »

Ce fut pour ma part une lecture très complexe, étalée sur plusieurs semaines, tant l’insoutenable me hantait. Il est extrêmement bien écrit mais j’ai eu besoin de plus de temps pour cette histoire très forte et dure. J’ai dû user d’un subterfuge pour maintenir mon cap en lisant, en même temps, d’autres livres plus doudou…
Warning aux âmes sensibles, certaines scènes peuvent être très gênantes. Ce livre est fort, intense, plein de courage et d’espoir.
« Le temps s’écoula, je crus oublier, mais il s’avère qu’on ne l’oublie pas, le berceau de la violence, on ne l’oublie pas. »

Je remercie les éditions Eyrolles, Pauline et Aure Hajar pour cette puissante découverte littéraire, que je ne suis pas prête d’oublier…

Retrouvez ici l’article de la rencontre avec Aure Hajar : https://littelecture.wordpress.com/2023/04/30/rencontre-visio-avec-aure-hajar-2-mars-2023/