« Une farouche liberté – Gisèle Halimi, la cause des femmes » de Annick Cojean, Sophie Couturier, Sandrine Revel, Myriam Lavialle.

Editions Grasset Steinkis
Parution le 06/10/2022
137 pages

Dès son plus jeune âge, Gisèle Halimi a été une rebelle aux yeux de sa famille. Servir les garçons et se soumettre à leurs exigences a toujours été pour elle une profonde injustice. Ses parents mettait son comportement sur le compte de la folie car bien évidemment le rôle de la femme était bel et bien celui d’être au service des hommes. Mais Gisèle ne l’entendait pas de cette oreille. Elle ne cessait de taper du poing sur la table pour manifester sa révolte. Poing qu’elle a continué à taper fort pour le combat qui fut celui de sa vie : se battre pour la cause des femmes.
Elle en a fait son leitmotiv dans tous ses domaines : professionnel, privé, associatif… en y mettant son coeur, ses tripes… Elle a été en  contact avec toutes sortes de femmes, des plus célèbres aux victimes… Rien n’arrêtait Gisèle Halimi, pas même les hommes et leur comportement misogyne. Rien ne la déstabilisait. Alors quand elle s’habillait de sa robe d’avocate, rien n’était laissé au hasard…
Voilà ce que je vous propose de découvrir avec cette extraordinaire BD. Le parcours d’une femme impressionnante, toujours portée par ses convictions et cette force incroyable qui a fait d’elle le symbole d’une « défenseuse passionnée de la cause féministe » (extrait titre Le Monde).

« Vieille fille » de Marie Kock

Editions Cahiers Libres / La découverte
Parution le 08/09/2022
220 pages

Libérées ! Délivrées ! Non jugées ! Dans ces cases elles n’entreront jamais !!! Ça vous intrigue ? Lisez le 😉
Ne pas se marier et ne pas avoir d’enfants peut susciter des jugements des autres s’avérant faux ou même déplacés. D’ailleurs ce terme de vieille fille porte à lui seul et bien naturellement un sens potentiellement biaisé de la situation. Leur solitude et liberté ne font pas de ces dames des vieilles, bien au contraire. Elles en ont sous le pied, prêtes à vous le démontrer…
Dans notre société, dès l’instant où on ne rentre pas dans les règles dites de la normalité, cela devient inévitablement sujet à critiques, questionnements et autres préjugés.
Chacun choisit sa vie librement, en son âme et conscience et non en celle des autres. Plusieurs facteurs peuvent expliquer les choix faits et personne ne devrait se permettre de les remettre en question. Ce livre expose très bien ces constats et ce, autour de nombreuses références cinématographiques ou littéraires, toutes pour étayer le propos.
Ce fut une lecture très sympa, tantôt drôle, tantôt véridique, voire même légèrement sarcastique. A vous de partir à sa découverte !

« Donnerons-nous notre langue au ChatGPT ? L’impact de l’IA sur notre avenir » De Gilles Moyse

Préface d’Etienne Klein
Editions Le Robert – Temps de parole
Parution le 14/09/2023
235 pages

Dans la continuité de mon intérêt et ma curiosité pour l’Intelligence Artificielle (IA), j’ai découvert cet ouvrage gagné lors d’une masse critique Babelio (que je remercie). Il est très intéressant et permet d’aborder l’IA de manière relativement complète.
A la portée de tous, il s’articule autour de plusieurs parties. Son auteur y aborde tous les aspects gravitant autour de cette révolution. D’un point de vue technique, on apprend comment sont codifiés les mots et les méthodes appliquées permettant ce dialogue et les recherches rapides. Il y est aussi fait mention, non négligeable, de la consommation d’énergie requise pour l’apprentissage de la machine. Puis, par ce cheminement, l’écrivain nous amène à la transposition de l’IA dans nos habitudes actuelles et futures au quotidien, que ce soit à titre personnel ou professionnel. Ainsi vous vous apercevrez que finalement l’IA était déjà présente dans nos vies depuis longtemps. Comme toute révolution technologique, elle peut susciter la peur. Pour illustrer le propos, 2 angles de vue seront judicieusement analysés :  IA dramatique Vs IA magique.
Ce livre permet d’avoir des explications et une approche très complète sur l’IA. Personnellement, je porte un vif intérêt à ce sujet, qui me fascine et me bluffe en tout point. Sa puissance et ses capacités sont hallucinantes (c’est le cas de le dire). Cette lecture a été passionnante… Hâte d’en apprendre encore plus !

« Un soir d’été » de Philippe Besson

Editions Julliard
Parution le 04/01/24
208 pages

C’est l’été, sur l’île de Ré et nous voilà parmi cette bande de copains. Certains se connaissent depuis longtemps, d’autres plus récemment. A cette époque, pas de réseaux sociaux ni téléphones portables mais le temps de l’insouciance est bien là.
Le décor est planté. On y est. Et puis très progressivement on apprend à les connaître. Chacun leur tour. On découvre leurs caractères, leurs façons de faire, leurs relations entre eux. Des rencontres se profilent à l’horizon, se concrétisent ou non… On baigne vraiment dans cette atmosphère qu’on a tous pu connaître lors de nos vacances de jeunesse. Les retrouvailles, les sorties, les écarts, les dérives… Ce lâcher prise pour profiter de ces instants amicaux dans la douceur de l’été… même si pour certains d’entre eux, les locaux, le travail est de mise et leur priorité.
Mais, ce tableau sera noirci, un soir, par la disparition de l’un d’entre eux. Alors qu’ils partageaient tous un moment festif, leur ami est introuvable. Comme volatilisé… Commence alors les recherches, les pistes délirantes, infondées ou même noires. Tous pensaient bien le connaître, ont-ils raté quelque chose qui pourrait expliquer cela ?
Je suis une fan de la plume et des histoires de Mr Besson. Il a l’art et la manière de nous raconter, de nous installer. Un petit bémol pour ce livre : la curieuse que je suis est quelque peu frustrée par la fin… Cela ne remet absolument pas en cause le grand et vrai plaisir de le lire…

« Radium girls » de CY

Editions Glénat
Parution le 28/08/20
136 pages

Leur rituel quotidien :

  • Lip : lisser le pinceau sur les lèvres
  • Dip : prendre la peinture
  • Paint : peindre les cadrans

1920. Toutes ces femmes ont été employées dans une entreprise de fabrication d’horloges. Leur travail consiste à peindre les chiffres sur les cadrans. Pour ce faire, au-delà de cette technique surprenante, elles utilisent une peinture dite spéciale et surtout très précieuse, rendant les motifs fluorescents.
Elles sont soumises à une forte pression pour répondre à une cadence intense. Au fil du temps, elles se lient d’amitié et les affinités se dessinent. Elles sortent ensemble après leurs dures journées de travail, pour se détendre, danser, partager des moments de convivialité.
Elles sont bien loin d’imaginer que la peinture qu’elles touchent et ingurgitent tous les jours, sera leur poison…
Cette BD, retraçant cette histoire vraie, est absolument glaçante. J’ai tout aimé : la scénographie, le graphisme, les textes et les tons de couleurs utilisés (vous saurez pourquoi en lisant l’interview passionnante en fin d’ouvrage). Extraordinaire. Vivement conseillée. Et petit bonus, regardez la couverture dans le noir complet ! Elle vous réserve une surprise…

« Le Maître des livres – Tome 3 » de Umiharu Shinohara

BD Manga
Editions Komikku
189 pages
Parution le 04/12/2014

Quel plaisir de pousser à nouveau la porte de la bibliothèque « La rose tremière » pour y retrouver  ses personnages de prédilection et en rencontrer des nouveaux, comme à chaque tome.
Différents thèmes sont abordés comme les contes pour enfants, les spectacles, l’intégration, l’adolescence ou encore le parcours de bibliothécaire.
Tout comme ses usagers, on y est très bien accueilli, on s’y sent bien entouré de ses nombreux chefs d’oeuvres et surtout, on en apprend toujours un peu plus sur l’univers littéraire. Tout en s’amusant à travers cette superbe série Manga, on y découvre des histoires, des références littéraires, des informations plus techniques… Le tout excellemment ficelé dans cette mine d’or pour les amoureux des livres.
Une bonne nouvelle : 15 tomes au total, il m’en reste encore beaucoup des jolis lectures à passer avec et chez eux !

« L’homme qui aimait trop les livres » de Allison Hoover Bartlett

Editions Pocket
Parution le 02/01/2020
261 pages

Cette histoire est celle de passionnés extrêmes de livres, prêts à tout pour les posséder, quelles qu’en soient les conséquences.
Imaginez les se promenant dans la rue, croiser sur leur passage une librairie de livres anciens, dont la devanture se présente à eux remplie de trésors inestimables.
Ils poussent la porte de ce qui est pour eux la caverne d’Ali Baba. Sentir cette odeur, que dis-je, ce parfum de papier, jauni par le temps. Admirer ses reliures en cuir ou autre, dorées ou non, bonifiées par les années. Apercevoir ces titres précieux, des premiers tirages ou éditions limitées. Sans oublier évidemment la valeur financière de ces ouvrages, atteignant parfois des sommes incroyables. Les savoir là leur procurent des sensations irrésistibles.
« Lisez la première phrase qui arrête votre œil. Puis passer à une autre. Embarquez pour un voyage fait de découvertes, allez sonder des mers inexplorées. »
« Si vous ne pouvez les compter parmi vos amis, vous devez à tout prix faire en sorte qu’ils soient au moins des connaissances. S’ils ne peuvent entrer dans votre vie privée, ne leur refusez pas un minimum de reconnaissance pour autant. »

Et c’est ainsi que ces voleurs de livres rares et anciens se laissent tenter par ces butins, en faisant parfois usage de certains subterfuges inimaginables. Ils se disent amoureux des livres, leur but est tout simplement de les posséder, les lire n’est pas forcément leur objectif majeur. Ils se proclament véritables collectionneurs, parfois contraints de pousser les murs pour les stocker. Mais pas seulement….
Allison Hoover Bartlett se lance alors en quête de l’histoire fabuleuse et passionnante de l’un d’eux, le fameux John Gilkey. Son récit divinement raconté, nous fait pénétrer dans cet univers et découvrir les ficelles des organisations gravitant autour des traqueurs.
Excellent moment de lecture, en immersion totale avec les protagonistes, je me suis laissée prendre au jeu et ce fut avec un grand plaisir.
« Sur l’un des murs de la librairie, il y avait un marque-page avec cette phrase d’Oscar Wilde : « Je peux résister à tout sauf à la tentation ». »
A vous aussi ça vous parle, n’est ce pas ? 😉 Je vous souhaite toujours de belles lectures.

« L’amour en liste d’attente » de Deolinda Da Silva

Editions Le Lys Bleu
Parution le
135 pages

Lorsque je termine une lecture difficile portant sur un sujet lourd (mais au demeurant très très bien), pour la suivante, j’ai tendance à rechercher une plume d’auteur que je connais et dans laquelle je vais pouvoir me blottir. C’est exactement ce qu’il s’est passé. C’est ainsi que j’ai sorti de ma pile à lire le dernier chef d’oeuvre de Deolinda Da Silva.
Eduardo est un homme comblé, bien dans sa vie et dans sa peau, il a tout pour lui : un bel emploi (auquel il se consacre un peu trop), une femme, deux filles (auxquelles il se consacre trop peu). Tout va bien. Comme bien souvent, lorsqu’on se sent fatigué, on fait porter cela sur le rythme trop intense. Sur les bons conseils de sa fille, Eduardo finit par consulter un médecin : le verdict tombe, il est atteint d’insuffisance rénale. Assommé, il comprend les impacts : dialyse et liste d’attente pour une greffe.
Frappé par la loi des séries, les événements s’enchaînent et, tel un château de cartes, tout s’écroule autour de lui : sa femme le lâche, il perd son travail et doit quitter sa maison… Tout ceci au moment il a le plus besoin de réconfort et de soutien. D’abord accablé, son naturel revenant au galop, il fait preuve d’une grande résilience : y croire, garder espoir. Sans le savoir au départ, sa force sera communicative envers ses nouveaux amis de dialyse.
Puis un jour, Eduardo est victime d’un malaise. Il sera secouru par une jeune femme du nom de Vitoria… et là, la deuxième bascule lui tombe dessus… mais celle-ci n’aura pas les mêmes effets…
Très chère Deolinda, comme les précédents, ton livre m’a fait du bien. Oui il gravite autour de la maladie, ce qui n’est pas anodin. Mais tu sais raconter les belles histoires. Comme bien souvent, je m’attache aux personnages, triste de tourner la dernière page. J’ai passé un très bon moment, merci encore pour ce cadeau. Vivement le prochain ! Até a proxima !

« Triste tigre » de Neige Sinno

Editions P.O.L.
Parution le 17/08/2023
276 pages

Lire l’inconcevable. Se plonger dans cette horreur qu’une enfant de 7 ans a vécu pendant des années, violée par son beau-père. Il est même difficile de voir inscrit le terme père dans ce mot composé. Et pourtant… La petite Neige va subir au quotidien, plusieurs fois par jour, les sévices de cet homme. Partout. A toute heure. Dans quasiment toutes les pièces de la maison. Tout ceci bien emballé, en justifiant ses gestes par tout l’amour qu’il lui porte. 7 ans. Comment se défendre ? Comment en parler sous la menace et la manipulation ? L’âge de la construction, pour elle, ce fut plutôt l’âge du début de sa destruction.
Et ça continue… Et ça se répète… Encore… Elle a encaissé. L’âge avançant : 8 ans. 9 ans… 13 ans. 14 ans… Sept infâmes années. Ce pan de son enfance n’a été que torture, peurs et souffrances.
Et puis un jour, plus tard, elle en parle à sa mere et elles décident de porter plainte. Elle a 20 ans. Pendant son procès, il reconnaîtra les faits. Neige quant à elle devra revivre ces scènes, les revoir défiler au fil des questions posées. Il sera condamné à 9 ans de prison. Après ce parcours atroce parcouru par cette victime, comme si 9 ans pouvaient tout effacer. Bien loin d’en être le cas car ces sévices ont laissé des traces indélébiles dans son être. Comment se relever après ça ? Repartir, se reconstruire sans jamais reproduire ? Ce sont des blessures à vie…
Lors des actes ignobles qu’elle a subi petite, pour se mettre en mode protection, elle se séparait de son corps, comme pour se dédoubler et créer une distance ; c’est aussi ce qu’on ressent dans son texte, comme pour se permettre une pincée de dérision…
Je sors de cette lecture à bout de souffle, meurtrie, estomaquée. Ce récit n’est pas larmoyant. Mais il est d’une telle puissance que son impact m’a frappée avec force. A en tomber à la renverse ! Neige Sinno a une superbe plume, une découverte pour ma part. Son texte est très riche en références littéraires, gravitant autour des mêmes thèmes mais pas seulement. Ce récit est lourd, dur mais rempli de courage, il a dû lui en falloir pour poser des mots sur ses maux. Un texte intense et poignant qui va me marquer au fer rouge pendant longtemps.

« Lettres à mon I.A. – Conversations libres et déjantées avec ChatGPT » de François Vaillant

Apyrus Editions
Parution le 18/10/2023
82 pages

Adresse de commande : https://www.amazon.fr/Lettres-a-mon-IA/dp/B0CLYSGT8B/

L’intelligence artificielle m’impressionne énormément, tant par sa puissance, son niveau rédactionnel que par sa capacité de traitement. Et tout ceci, instantanément. C’est fou quand même qu’un cerveau artificiel derrière une machine puisse apprendre autant de choses. Comme toute nouveauté technologique, elle attise non seulement les convoitises mais aussi les craintes : la peur que l’I.A. nous remplace un jour, qu’elle soit utilisée à des fins dangereuses…
Alors François Vaillant s’est lancé un défi : tenter de pousser à bout ChatGPT en engageant avec lui de véritables dialogues autour de thèmes divers et variés : de la simple introduction pour faire connaissance, jusqu’à la philosophie, en passant par les jeux, les blagues et autres sujets de conversation.
Tout ce qui est retranscrit dans ce livre est vrai. Seuls quelques passages ont été coupés pour les alléger mais autant les questions du « user » que les réponses fournies par ChatGPT, tout est authentique et écrit sans trucage. Jamais un mot de travers, toujours poli et bienveillant, ChatGPT sait parler, parfois même bien mieux que certains humains…
C’est bluffant. Je l’ai lu d’une traite et je me suis très vite laissée prendre au jeu. C’est captivant, parfois drôle mais toujours scotchant. Ce fut à mon tour d’halluciner (alors qu’on a plutôt tendance à faire porter ce chapeau des hallucinations à ChatGPT).
Cher François, pari gagné. J’ai adoré, je l’ai dévoré et j’espère bien qu’une suite lui sera donnée.