« Sœurs brisées » de Jean-Marie Palach

Editions Daphnis et Chloé

Parution le 23/11/2017

Se glisser dans la peau de ces deux sœurs, que tout oppose : la situation, le travail, le milieu…

Héloïse, l’ainée, est auteure. Deux drames tragiques ont marqué sa vie à jamais ; ils ont fait naître en elle sa vocation, l’écriture, dont elle puise la source d’inspiration au plus profond d’elle-même. S’en rend-elle bien compte ? Elle écrit. C’est sa thérapie. Sa façon à elle d’extérioriser ce qu’elle a en elle : la douleur et la culpabilité de la perte de ses parents suivie de celle de son fiancé, par accidents.

« Son propre équilibre, elle l’a construit à partir d’une inspiration jaillie devant la tombe de Baudelaire ».

Ses livres rencontrent un véritable succès, tous portant sur le même thème : la mort. Mais un succès tenu relativement secret… caché… non-dit… Jusqu’au jour où le voile sera levé, en plein salon du livre… et sa vie chamboulée.

Sa jeune sœur, Faustine, quant à elle, n’a pas du tout la même vie… Employée de bureau dans l’administration, elle rédige des notes irréprochables à longueur de journée, un modèle pour ses collègues. Mais s’épanouit-elle ? Au-delà de ses qualités professionnelles, qui en font pâlir certaines, serait-elle prête à faire bon usage de sa beauté et son charme ? Pas si sûr…

Une grande distance existe entre les deux sœurs ; mis à part un rendez-vous hebdomadaire, quasi « muet », pour partager un déjeuner totalement insipide devant la télé, leur relation ne va pas plus loin. Et pourtant, lors de la disparition de leurs parents, Héloïse en a bien pris soin de sa sœur… Elle a été une mère pour elle…

Quel est donc ce phénomène qui leur nuit et les empêche d’être des sœurs ? Un secret ? La douleur inconsolable qui les a frappées si jeunes ? Des remords ?

C’est avec une formidable adresse que Jean-Marie Palach nous dresse leurs portraits, nous raconte leur histoire, celle de ces deux êtres fragiles, blessés, meurtris, dont les liens paraissent coupés à jamais… Et pourtant, ils sont si forts et ne demandent qu’à être renoués… Grâce à Héloïse et sa vie d’auteure, les passionnés et amoureux des livres y trouveront aussi leur bonheur. J’ai aussi été profondément touchée et émerveillée par l’un des livres d’Héloïse évoqué dans ce roman, dans lequel elle raconte l’histoire d’un homme qui vit la perte de son épouse, le départ de son amour, l’image de deux roses qui se fanent….

« Il fit un signe négatif et se rapprocha de la toile, pour mieux la détailler. Au centre des pupilles, il distingua, admirablement dessinées, deux roses écloses et une encore en bouton ».

Un très joli roman, aux messages subtils et percutants, touchant de douleur et de tendresse où la littérature y tient aussi une place importante.

« …un propriétaire, des mains qui tournent les pages, des yeux qui déchiffrent les caractères assemblés et les convertissent en phrases intelligibles, un esprit qui accepte ce qu’un autre esprit a conçu, s’émeut, souffre, s’amuse, jouit ». « Le vertige de l’auteur » (et du lecteur).

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