
Nous avons eu l’occasion d’échanger avec l’autrice, découvrez ci-dessous l’interview.
Qu’est-ce qui vous a inspiré, donné envie, d’écrire votre dernier roman La chair de sa chair ?
Claire aime lire des polars, tout comme sa mère, qui lui a transmis cette passion. Un jour, Claire a lu « Fête fatale » de William Katz et ce fut la révélation. C’est ainsi qu’elle a décidé d’écrire des livres comme ceux qu’elle aime lire.
« La chair de sa chair » est un livre par couche. Il raconte la vie d’une famille subissant les conséquences d’un père violent. L’un des paramètres majeurs est celui du rôle joué par les institutions sociales. Le point de droit américain, abordé dans le livre, relatif à l’emprisonnement des enfants et au faible niveau de couverture sociale, semble très éloigné de ce qui pourrait être attendu d’un pays civilisé.
Moïra est mère de 3 enfants de 2 pères différents, elle doit assurer la survie des siens.

La majorité de vos romans se déroule aux Etats-Unis. Pourquoi ? Avez-vous un lien particulier avec ce pays ?
Claire aime s’évader et par conséquent, partir en situant ses romans ailleurs et ainsi récolter des informations d’autres pays.
Elle apprécie placer ses intrigues aux USA car il semblerait qu’il y ait plus de tueurs en série, une belle base de travail pour une autrice de thrillers ; sans oublier la complexité des équipes d’enquêteurs (unifiées), le FBI et des différents magistrats offrant de la matière à son travail de recherches et d’écriture. Le choix des USA est aussi dû à son immensité, où chaque déplacement est un voyage à part entière.
Le sujet de la famille dysfonctionnelle est au cœur de vos romans. Dans la chair de sa chair, Moira est une femme battue qui doit lutter pour faire vivre sa famille ; les hommes sont absents, et les enfants sont livrés à eux-mêmes. Pourquoi vouloir écrire sur ces familles ?
Tout se joue dans l’enfance, la base de l’adulte qu’on devient.
Le thème des enfants est en effet récurrent dans ses romans car il constitue un terreau idéal lorsque cette enfance est gâchée.
En tant qu’autrice, Claire a besoin d’aspérités sur ses personnages pour s’y accrocher, avec une personnalité complexe offrant les conditions idéales pour construire une histoire. Ses personnages sont souvent des personnes lambda, comme vous et moi, ce qui permet aux lecteurs / lectrices de s’identifier d’autant plus facilement et de vivre sa lecture intensément, raison pour laquelle les romans de Claire Favan laissent une trace importante, même bien après avoir refermé le livre.

Chaque auteur suit une méthodologie d’écriture. Quelle est la vôtre ? Dans quel cadre / lieu aimez-vous écrire ? Quelles sont vos bases de travail : la documentation a-t-elle une place importante ? Et enfin, comment conciliez-vous votre travail dans la finance et votre métier d’autrice ?
Claire élabore toujours sur plan, elle a besoin de cette structure comme base de travail ; il peut évoluer au fur et à mesure. Ce déroulé permet de définir quoi écrire et quand.
Devant son PC, Claire peut ainsi se consacrer pleinement à l’écriture, la mise en scène, les décors… grâce à cette « colonne vertébrale ».
« Quand on a un plan, on a des petites collines à gravir ; quand on en n’a pas, on a une montagne à surmonter ! »
Elle écrit essentiellement le soir, après sa journée de travail (dans la finance).
Tout part d’une idée, qu’elle laisse germer. Dès qu’il y a assez de matière, le plan est mis par écrit.
Dans la mesure où elle est une lectrice exigeante, elle s’applique à elle-même en tant qu’autrice, un certain niveau d’exigence. Elle aime surprendre ses lecteurs.
En ce qui concerne les recherches, elle se documente beaucoup sur internet.
Les lieux et les décors sont souvent identifiés sur Google Maps : tous les détails sont analysés pour voir s’ils sont adaptés à ce que Claire veut faire subir à ses personnages.
Après avoir écrit et publié 10 livres, cela offre un très beau lectorat qu’il faut continuer à fidéliser. L’écriture est et reste sa passion. Claire concilie très bien sa vie professionnelle et sa vie d’autrice. Elle se dit « être un animal sociable » qui a besoin de ce monde professionnel, représentant un ancrage pour elle.
Dans votre roman, les personnages subissent les pires tourments dans une sorte de fatalité, de déterminisme. Pourquoi les souffrir autant ? Aussi, votre écriture est très rythmée. Quelle est votre technique d’écriture pour nous tenir en haleine ?
En tant que lectrice, Claire a beaucoup de mal avec les descriptions trop longues et n’aime pas les détails inutiles. Elle s’applique donc à être très succincte lorsqu’elle écrit.
Pour elle, il faut aller à l’essentiel donc ce que pensent les personnages.
Chaque chapitre apporte quelque chose aux lecteurs, suscitant tout l’intérêt et créant ce rythme.
Comme indiqué précédemment, pour ses thrillers, Claire a besoin de personnages rudes, cabossés avec des aspérités lui permettant des points d’accroche.
Très souvent ces romans lui permettent de faire passer des messages, en dénonçant des failles de la société, à travers les vies de ses protagonistes.
Les fins de ses romans ne sont jamais des « happy end » car elles laissent ainsi une trace, un sentiment de malaise chez les lecteurs, qui reste en eux.
A l’inverse, si certains se terminent « bien », cette fin ne sera pas morale !
Claire axe ses livres sur des violences psychologiques, car elle estime qu’elles ont plus de portée et font beaucoup souffrir. Une blessure physique cicatrise mais une souffrance morale n’a pas de fin, c’est un meilleur vecteur.
Elle choisit des personnages proches de tous, comme nous, afin qu’ils soient plus percutants. Un choc psychologique peut toucher tout le monde, et c’est ainsi que les lecteurs s’identifient encore plus aux protagonistes. Claire joue aussi beaucoup sur la mise en scène, très imagée, pour que l’on s’y intègre rapidement.

Quelle lectrice êtes-vous ? Quelles sont vos lectures préférées ? Quel est votre livre de chevet du moment ?
Claire Favan est une grande lectrice de polars.
Elle passe beaucoup de temps dans les transports en commun, qui sont donc devenus un lieu de lecture au quotidien.
Avant d’être publiée par de grandes maisons d’édition, elle a été lancée par « Les nouveaux auteurs » avec son livre « Tueur intime ».
Elle a été nommée Présidente du jury de cette plateforme et lit actuellement le prochain titre en lice pour remporter le prix (dont nous n’en savons pas plus, si ce n’est qu’il est terriblement bien !).
Un prochain nouveau roman est en-cours : il racontera l’histoire de 2 jumeaux abandonnés, aux destins totalement différents, et évoquera par la même occasion la situation des enfants vivant en ASE (Aide Sociale à l’Enfance). Surveillez bien les sorties en librairie, celle-ci est prévue en Octobre 2022 😊.

Je tiens à remercier infiniment Claire Favan pour ce superbe moment partagé lors de cette rencontre du 19 Mars 2022, ainsi que toute l’équipe de la Médiathèque Boris Vian et tout particulièrement Angélique, notre chef nationale du club des « Mordues de polars ».
Juste et fidèle aux propos tenus dans la rencontre. Pour ceux qui n’y étaient pas, ici vous avez tout. 😉
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Merci 🙂
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